Economie

A la rencontre des commerçants de Saint-Aunès : la boulangerie « Saveurs et traditions »

Comme chaque jour, Rachel et René m’accueillent dans leur commerce…mais cette fois pour apprendre à mieux se connaître à travers quelques questions-réponses.

Pourquoi Saint-Aunès ?

René et Rachel ont acheté la boulangerie-pâtisserie en mai 2017. On croirait ces deux-là ensemble depuis toujours tant ils sont complices ! Famille recomposée, ils se sont en fait rencontrés par le travail en boulangerie alors que René cherchait une vendeuse sur Montpellier. Après 7 ans à travailler sur Montpellier, ils s’installent sur Saint-Aunès car ils recherchaient un commerce dans un village : « par hasard, le commerce de Saint-Aunès, où habitent mes parents était à vendre au même moment ! » explique René.

Boulangers, une vocation ?

René est boulanger de père en fils…même si ni lui, ni son fils, ne souhaitaient faire ce métier au départ : «  Je ne voulais pas faire le travail de fou de mon père ! ». Avec un diplôme de carrossier, il finit par rejoindre ses parents à « la belle meunière » à Mauguio. Il y suivra toute sa formation et obtiendra son CAP de boulanger, pâtissier, glacier, confiseur et chocolatier ! A ces multiples casquettes s’ajoutent des mentions complémentaires « restauration » et « pâtisserie en assiette ». Il a hésité à concourir comme meilleur ouvrier de France mais l’investissement était trop important en plus de la boulangerie…et son niveau d’anglais insuffisant. Chaque année, il suit des démonstrations organisées par les fournisseurs sur des thèmes variés, comme « bûche » par exemple.

Les difficultés et les plaisirs du métier

« Les horaires !, c’est 4h – 19h tous les jours ! Heureusement, ça reste moins que mon père grâce aux machines mais ça reste conséquent…Je me lève à 3h et travaille jusque 13h, puis de 15h30 à 19h30. Entre les deux, normalement je me repose » dit-il avec un petit sourire qui en dit long, « Il y a aussi les coups de bourre : Pâque et Noël ». René prépare tous les gâteaux et toutes les confiseries (nougats, pâte d’amande, œufs en chocolat, bûches, gâteaux, etc lui-même. Rachel garnit, colle, emballe… « On est multi-tâches ! La décoration, c’est long car chaque chocolat a sa température de travail. », et ils ajoutent en chœur :« La boulangerie, de toute façon, soit on aime, soit on arrête vite ! ». Mais il y a des gratifications : les sourires et remerciements des clients. « Ce qu’on aime, c’est faire plaisir et répondre à des demandes particulières, il ne faut pas hésiter à demander des gâteaux à thème. J’adore réfléchir et inventer le gâteau qui surprendra…mais attention sans pâte à sucre industrielle ! » s’exclame René.

Le travail en famille

Depuis peu, René et Rachel travaillent avec leurs enfants pour leur plus grand plaisir. « Ce n’était pas vraiment planifié, mais ce sont finalement des relations plus faciles à gérer, la confiance est déjà là. Les deux ont fait des études hors boulangerie (domotique pour le fils et coiffure pour la fille) mais ne trouvaient pas vraiment de travail alors que nous, on avait besoin » explique Rachel. René complète « et surtout besoin d’avoir du personnel sur qui compter. Au bout de 5 ans, mon fils aura son équivalence de CAP boulangerie ».

Quelles évolutions du métier ?

« Tout se modernise : la caisse, la pesée…Même la présentation et les recettes des gâteaux changent, mais le travail reste artisanal ! ». René et Rachel déplorent vendre peu de pâtisseries (en comparaison avec leur période sur Montpellier), « les gens restent traditionnels, certains viennent exprès pour des pâtisseries classiques qu’on ne trouve plus ailleurs (le merveilleux par exemple) », « ici c’est du fait maison, alors il faut accepter que toutes les pièces ne soient pas identiques ». Depuis quelques années, suite à l’arrêt de Thierry Molinos, leur boulangerie est la seule du village. Pour ne pas léser les habitants, ils se sont adaptés en ouvrant désormais tous les jours : « on travaille plus mais on n’a peu vu la différence en nombre de clients. Beaucoup achètent ailleurs, sur leur trajet ou en faisant les courses…même le dimanche, il y finalement peu de monde. En revanche le samedi, le village est plus animé ! »

Propos recueillis par Julie D. le 26 février 2024. Un grand merci à Rachel et René pour leur accueil et le temps accordé pour répondre à mes questions.